5 janvier 2022 Par Laurence Pouzet

Quand l’histoire antique nous parle de performance par la mixité

En 593 av. J.-C., le législateur Solon met en place une importante réforme sociale dans le but d’apporter une démocratisation (à un stade fort modeste selon les critères actuels) de la société athénienne. Auparavant, les structures civiques étaient fondées sur la richesse – le droit était l’apanage des seuls bien-nés – et sur l’appartenance à un groupe familial, un clan ou la clientèle de tel ou tel puissant.
Une réforme qui pourrait nous inspirer en matière de performance par la mixité dans nos entreprises…

Désormais, le citoyen athénien exerce ses droits civiques à travers sa tribu.

Mais la définition de ces tribus passe par une réorganisation de l’espace civique. La réforme de Solon introduit l’idée d’une appartenance territoriale qui supprime toutes les autres. Un citoyen athénien est tout d’abord membre d’un dème, soit un district territorial.

Ces dèmes sont regroupés dix à dix en plus grandes unités qu’on appelle des trittyes. Les trittyes sont elles-mêmes groupées dix à dix dans trois aires territoriales différentes :

  • la Ville
  • la Côte
  • la Campagne

La réunion de ces trois ensembles forme… la cité d’Athènes au sens large, ou Attique.

Pour former une tribu, on réunit une trittye urbaine, une trittye littorale, une trittye rurale. Les tribus mêlent des hommes (oui, hélas, que des hommes…) appartenant à des horizons différents, des origines sociales et géographiques différentes. Cela crée de la mixité et revitalise la vie politique en la débarrassant de ses schémas sclérosés.

S’intégrer à ce nouveau schéma territorial est la contrepartie demandée à chaque citoyen pour bénéficier des réformes : instauration d’un impôt basé sur la fortune ; participation des plus pauvres à l’activité politique et accès à un tribunal populaire.

La performance par la mixité des compétences

Ainsi donc, dès l’Antiquité, on aura pris le parti de recomposer les « équipes » sur la base d’une mixité des compétences, dans la recherche d’une nouvelle dynamique. Par ailleurs, on voit bien comment l’accès à de nouveaux bénéfices peut rendre plus attractive une réorganisation.

Il en est de même aujourd’hui, toute proportions gardées, dans nos organisations : la diversité a démontré à bien des égards combien elle était source de richesse et de performance. Et l’on sait combien il est nécessaire que chacun perçoive son propre intérêt pour s’inscrire positivement dans un changement, quel qu’il soit.

Merci à Sophie FAVROLT, écrivaine et historienne de l’Art, pour ses sources historiques et sa plume émérite. Pour apprécier son travail :
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