Dire non au syndrome de l'imposture
28 février 2022 Par Laurence Pouzet

Confiance en soi : dire non au syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l’imposteur et ses croyances limitantes pèsent parfois lourdement sur nos épaules et sur nos actions. Mieux se connaître et admettre ce sentiment, c’est déjà un pas vers le mieux-être et la confiance en soi.

Il y a peu, quelqu’un m’a dit : « Ce n’est pas parce que tu as fait un burn-out que tu peux aider ceux qui sont en burn-out. » Je ne cache pas que, dans un premier temps, ce jugement m’a un peu ébranlée. J’ai, pendant quelques heures, renoué avec mes vieux démons : le doute et la peur de ne pas être à la hauteur. Cela m’a donné l’occasion de faire, avec une certaine satisfaction, le point quant à mon syndrome de l’imposteur.

Tout va bien ! J’en connais aujourd’hui les ressorts et j’ai acquis quelques bons outils pour lui tordre le cou. Cette remarque, qui m’aurait auparavant tétanisée, a au contraire renforcé mes convictions : avoir vécu le burn-out dans mon corps et dans ma tête, avoir connu ce sentiment d’impuissance et de fuite en avant m’ont donné des clés ; non pas pour en soigner les causes profondes ou les symptômes, comme seul un professionnel de santé peut le faire, mais pour aider à ne pas tomber dans le piège, ou à en sortir plus facilement et surtout plus fort.e.

Qu’est-ce que le « syndrome de l’imposteur » ?

C’est une forme de croyance personnelle selon laquelle on ne serait pas à la hauteur, pas aussi doué.e que ce que les autres pensent. Une personne qui en souffre est convaincue de ne pas avoir l’intelligence ou les compétences qu’on lui attribue. Elle a peur d’être prise en défaut, démasquée dans un rôle, une position, une renommée qu’elle aurait donc « usurpés ». Certaines personnes expriment un doute quasi maladif, minimisant leurs qualités et attribuant leur succès ou leur réussite – quels qu’ils soient – à leur seul travail acharné ou à des éléments extérieurs : la chance, leur famille, leurs relations ou tout concours de circonstances favorables.

Cela vous dit quelque chose ? Pas étonnant. On estime qu’environ 70 % de la population sont concernés, particulièrement les femmes. Le syndrome de l’imposteur n’est pas considéré comme une pathologie, mais plutôt comme un mécanisme psychologique qui peut s’exprimer plus ou moins au cours de sa vie. C’est pourquoi on devrait plutôt parler de « sentiment d’imposture ».

Syndrome de l’imposteur : cinq typologies dans lesquelles vous pourriez vous reconnaître

Le docteur Valérie Young a identifié 5 typologies :

1. « Le perfectionniste » se fixe des attentes, des objectifs extrêmement élevés. La moindre erreur ou imperfection l’amène à remettre en question ses compétences, ses résultats, voire sa réussite tout entière.

2. « L’expert » ressent le besoin de tout maîtriser avant de démarrer un projet et cherche constamment à améliorer ses compétences. C’est le même qui hésite à poser une question ou à prendre la parole par peur de paraître stupide.

3. «  Le génie » a des facilités naturelles et pense que devoir travailler beaucoup pour accomplir quelque chose signifie ne pas être compétent.e. Lorsque cette personne doit fournir un effort, elle pense qu’elle est dans l’imposture.

4. «  Le soliste » est convaincu qu’il doit être capable de performer ou d’atteindre seul ses objectifs, et que s’il a besoin d’aide cela signifie qu’il est dans l’imposture.

5. «  Le superman » (souvent une superwoman !) ressent le besoin de réussir dans tous les aspects de la vie – au travail, en tant que parent, en tant que partenaire – et stresse dès qu’il n’accomplit pas les choses à la hauteur de ses attentes.

Syndrome de l’imposteur : des comportements qui peuvent tourner au cercle vicieux

Le phénomène n’est pas nouveau. Les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes ont été les premières, en 1978, à étudier et mesurer ce qu’elles appelleront le « syndrome de l’imposteur ».

D’après leurs travaux, il existe 4 types de comportements :

1/ En faire toujours plus et déployer une énergie démesurée. La personne peut ainsi attribuer son succès à une grande quantité de travail et non à ses compétences, auxquelles elle ne croit pas. Premier cercle vicieux : on produit un travail acharné menant à l’approbation temporaire de ses supérieurs (par exemple) ; on attribue cette reconnaissance non pas à sa valeur mais à la quantité de travail abattu ; et cela se répète encore et encore.

2/ Porter un masque, ne pas dire ce que l’on pense, et préférer dire ce que l’on croit que les autres veulent entendre, ou s’attendent à entendre. Ainsi, l’imposteur ne peut pas être critiqué pour ce qu’il croit être critiquable (sa vraie pensée) et il tente d’éviter les confrontations ou les conflits qui pourraient amener ses opposants à révéler ce qu’il a (ou plutôt pense avoir) de répréhensible, voire de détestable.

3/ Déployer tout son charme pour gagner la faveur de son interlocuteur et le séduire par tous les moyens. La personne en posture d’imposteur veut être reconnue et appréciée, elle a viscéralement besoin de soutien et de bienveillance, dans l’espoir que cela l’aidera à prendre confiance en soi, en ses capacités. Malheureusement, l’appréciation ayant été reçue grâce à son charme et non pour les compétences qu’elle cherchait à faire valider, voilà un autre cercle vicieux !

4/ Faire profil bas, faire preuve d’une modestie excessive. La personne qui croit être un imposteur ne se mesure à personne, évite la comparaison et la compétition. Elle ne peut donc pas à son tour être challengée ou défiée sur ses compétences ou la pertinence de ses idées ; il s’agit là encore d’éviter le face-à-face, la remise en question, les conflits et les confrontations.

Le sentiment d’imposture est souvent mêlé à un autre facteur de mal-être : le perfectionnisme. S’il est exacerbé, il renforce le sentiment d’insuffisance et donc le besoin d’en faire toujours plus pour prouver aux autres – et surtout à soi-même – que l’on est méritant. C’est ici notamment que se loge, à long terme, le risque de burn-out. J’y reviendrai plus tard.

Confiance en soi
Syndrome de l'imposteur

J’ai le sentiment d’être un imposteur, que puis-je faire ?

Les chercheuses citées ci-dessus ont mis à jour que les personnes touchées présentaient parfois d’autres symptômes liés à la dépression, à l’anxiété généralisée. Elles témoignent le plus souvent d’une surestimation des compétences d’autrui et d’une méconnaissance de ses propres atouts.

Il s’agit donc de (re)prendre confiance en soi, de mieux appréhender son système de valeurs et d’identifier ce qui est important pour soi. Pour cela, il faut commencer par apprendre à mieux se connaître, avec ses qualités et ses forces, mais également ses défauts et ses faiblesses, qui constituent notre personnalité.

Un premier pas consiste à identifier les croyances limitantes qui vous conduisent à vous juger aussi sévèrement et qui vous empêchent de vous croire à la hauteur.

Vous êtes-vous déjà dit ou surpris.e en train de penser :

  • Tout doit être parfait, je dois performer dans ce que je fais.
  • Je n’ai pas de valeur si je ne suis pas admiré.e ou reconnu.e.
  • Si je fais une erreur, les autres vont me critiquer et me rejeter.

Si tel est le cas, il est probable que vous soyez, peu ou prou, victime du syndrome de l’imposteur.

Je vous invite à faire le test de Clanse (disponible sur internet ou ici sur demande). C’est un questionnaire à choix multiples qui comporte 20 affirmations auxquelles il convient de répondre le plus sincèrement et spontanément possible. Plus le score est élevé, plus cela veut dire que ce sentiment de manque de confiance en soi pèse dans votre vie ; Plus il sera utile de vous donner les moyens d’y remédier et, pourquoi pas, de vous faire aider ?

https://impostorsyndrome.com/5-types-of-impostors/

https://www.paulineroseclance.com/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_l%27imposteur